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Il s&#8217;agit de lire La Voie royale publiée par Malraux en 1930 et Voyage au bout de la nuit que Céline fait paraître deux ans plus tard comme deux hypertextes du roman de Conrad, Heart of Darkness (1901). Un tel projet semble pouvoir être justifié par une étude comparée du traitement du thème de l&#8217;altérité dans les trois fictions. Les trois récits disent à leur manière que le temps des découvertes et échu et qu&#8217;au motif de la découverte de territoires vierges, ce topos de la littérature d&#8217;aventure, se substitue celui de l&#8217;exploration d&#8217;autrui. Dès lors, la traversée de territoires, jungle africaine ou cambodgienne adopte pour les héros des fictions la forme de la télémachie. A l&#8217;horizon du déplace­ment se dessine une possible communion d&#8217;expérience et les trois textes soulignent, selon des modalités qui leur sont propres, l&#8217;identité des parcours et des destins. Pourtant, dans le même temps, les narrations se montrent tout aussi attachées à signifier l&#8217;opacité d&#8217;autrui et les scènes de rencontre qui devraient offrir un point d&#8217;orgue aux parcours s&#8217;organisent autour du motif de la lacune. Dès lors, l&#8217;enseignement de ces romans qui empruntent volontiers un tour aphoristique est similaire : la fraternité est dénoncée comme une illusion qui dissimule l&#8217;expérience authentique de la « séparation », pour reprendre un des leitmotive orchestrés par La Voie royale

La Voie royale et Voyage au bout de la nuit : deux réécritures françaises de Heart of darkness