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Cet article prend pour point de depart une tradition rapportee par les scholies homeriques et par l’invective politique athenienne du quatrieme siecle : quand Solon rejoint l’agora pour reciter un poeme exhortant les Atheniens a renouveler la guerre contre Salamine (fr. 1-3 W), il aurait repris un geste attribue a Ulysse (Iliade, 2, 183). Tel le heros epique face au defaitisme des soldats, Solon aurait depose son manteau ou chlaina. La discussion presentee ici propose une nouvelle lecture des fr. 1-3 qui vise a montrer non seulement que le lien de Solon avec ce precedent homerique est beaucoup plus profond que ne l’ont reconnu les commentateurs anterieurs, mais que le poete athenien se refere egalement a une tout autre tradition poetique, celle de la poesie iambique. Modelant son discours et son comportement quasi-epique sur ceux de praticiens mythiques et historiques du ridicule et de l’abus, en tete le Thersite iliadique et Archiloque – a qui il emprunte la posture de heraut adopte par le poete parien, en deux occasions, pour declamer un poeme injurieux ou obscene – Solon endosse le role du moqueur autorise. L’article se termine en examinant les traces du geste de Solon dans les oeuvres de Critias, le poete-politicien athenien qui, tout en se referant a Solon, prend pour cible le personnage construit par Archiloque ; l’hypothese avancee ici est un parallelisme deja visible chez Homere, et concentre autour d’Ulysse, entre l’abandon du bouclier et celui de la chlaina.

Solon fr. 1-3 W: The Poetics and Politics of a Gesture