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Annie Collovald : Quand nous avons, Marie-Helene Lechien, Sabine Rozier, Laurent Willemez et moi-meme, realise notre enquete, dans les annees 19941995, les debats concernaient les modes d’existence des syndicats (syndicats de services ou syndicats de lutte ?) avec, plus ou moins explicitement, une opposition entre la CFDT et la CGT. Il etait question de la chute des taux de syndicalisation ou du declin des appartenances syndicales ; on insistait sur l’avenement d’un « militantisme moral » ou « par conscience », attribut des classes moyennes eduquees supposees mobilisees sur des enjeux (feminisme, ecologie etc.) autres que « materialistes » et se devouer aux autres de facon desinteressee. Les debats avaient un peu evolue quand nous avons, en 2001, repris nos analyses pour en faire un livre1, mais sans veritablement bouleverser les lignes de partage (on pourrait meme dire qu’elles les renforcaient). Dans l’intervalle, etaient parus notamment deux livres marquants : celui sous la direction de Pascal Perrineau sur l’engagement politique (Declin ou mutation ?, s’interrogeait-il) et celui de Jacques Ion, La fin des militants ?2 Ces deux livres affirmaient le declin du militantisme sous l’effet de l’appa rition de nouveaux venus porteurs de comportements altruistes (« restreints et contractuels ») et d’une nouvelle ethique de l’engagement (« indolore », c’est-a-dire sans obligation de devouement et de devoir) ; ils prophetisaient l’instauration d’une modernite enfin debarrassee des heritages, des traditions, des pesanteurs sociologiques et communautaires qui auraient ete la marque du « stade »

Trois décennies de travaux sur les mobilisations politiques et sociales