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Le 12 mars 2002, lors d’une cérémonie officielle à Jérusalem, les métropolites bulgares Stéphane (1878-1957) et Cyrille (1901-1971) ont été déclarés Justes du monde par Yad Vashem – l’institution créée en 1953 par la Knesset d’Israël pour perpétuer la mémoire des martyrs et des héros de la Shoah en Europe. Quelques jours auparavant, l’ambassadeur de l’État hébreu à Sofia – Emmanuel Zisman – avait souligné le rôle exceptionnel de ces deux hauts dignitaires de l’Église pour le sauvetage des Juifs bulgares pendant la Seconde Guerre mondiale : « L’Église bulgare a été la seule au monde à cette époque à avoir exprimé fermement sa position que la violation des droits des Juifs représente une atteinte aux principes chrétiens. Je regrette que le mémorial Yad Vashem n’ait pas la pratique d’honorer des institutions, car c’est l’Église orthodoxe bulgare tout entière qui mérite notre reconnaissance » (Zisman, 27 février 2002). Le comportement très peu commun de l’Église bulgare pendant la Shoah en Europe (l’extermination de plus de six millions de Juifs) est l’un des éléments du phénomène plus général : l’exception bulgare, ou le fait que la Bulgarie a été le seul pays satellite de l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale qui ait réussi à sauvegarder la vie de tous ses Juifs nationaux. « La Bulgarie fut ainsi le seul pays sous influence ou contrôle allemand où la population juive s’accroît durant la guerre : elle passa de 48 565 âmes en 1939 à 49 172 en 1945 » [Gilbert, 1992, p. 153]. Il est vrai cependant que le gouvernement bulgare a accepté de déporter plus de 11 000 Juifs des zones qui se trouvaient alors sous son administration en

L'Église bulgare, les Juifs bulgares et la question nationale