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Alors qu’en France, la mise en place des pratiques manuelles reste encore très marquée par le passé d’origine populaire, au Québec elle se fait dans un territoire «vierge» de toute pratique comparable. Si la France y a laissé une imprégnation importante, c’est d’Angleterre que vont arriver les premiers praticiens diplômés que l’on appelle déjà les physiothérapeutes. Dans les deux pays, la guerre de 1914-1918 a été une période d’organisation, de reconnaissance qui a révélé la pratique comme complément de la chirurgie militaire. Au Québec, les enjeux médicaux, forts au départ, se trouvent progressivement affaiblis par une pratique libérale qui exploite les physiothérapeutes. Le dispositif de protection professionnelle montrera son efficacité en faisant reconnaître l’absence de compétence des médecins dans le traitement physiothérapique. Cette situation débouchera sur l’accès libre à la physiothérapie par les patients. Par ailleurs, la mise en place des ordres professionnels favorisera, lourd handicap, le partage des actes avec d’autres professions. En France, les enjeux médicaux restent puissants. Les médecins gardent depuis toujours le contrôle sur les kinésithérapeutes et leurs pratiques à travers la prescription médicale. Ces derniers apparaissent nettement moins menaçants pour la recherche de l’autonomie de leur profession. Par contre, l’organisation des professions de santé, reconnues par un diplôme d'État, évite l’empiétement des actes professionnels de chacune d’elles.

Une naissance conjointe: l'émergence de la kinésithérapie en France et l’installation de la physiothérapie au Québec. Trajectoires en miroirs