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Au milieu des années 1950, lors de ses premiers films en couleurs, Michèle Morgan, alors au sommet de sa carrière, doit confronter sa « cinégénie » à la couleur et adapter ses personnages à son âge réel, 35 ans. Les trois films qu’elle tourne alors,  Obsession  de Jean Delannoy,  Les Grandes manœuvres  de René Clair et  Marguerite de la nuit  de Claude Autant-Lara, apportent des réponses convergentes à ces difficultés car ils montrent, selon nous, comment la couleur permet de prolonger et de renouveler sa persona. En effet, l’usage de la couleur magnifie son statut de star en mettant en valeur l’apparence physique et l’élégance vestimentaire de l’actrice. Mais il permet aussi de mettre en scène les contradictions sociales que représente Morgan à travers des personnages certes en situation d’autonomie affective et professionnelle mais dépendant en grande partie d’un pouvoir masculin. Ces contradictions se perçoivent dans la dialectique chromatique qui se joue entre l’actrice et son environnement. La couleur est enfin le moyen de figurer les tensions affectives et morales des personnages joués par Morgan, des femmes écartelées entre le conformisme imposé par la société et la quête d’une passion amoureuse idéale.

La persona de Michèle Morgan à l’épreuve de la couleur : Obsession, Les Grandes manœuvres, Marguerite de la nuit , 1954–1955