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On reproche souvent aux politiques de manier la langue de bois en mobilisant toute une série de termes qui, mis ensemble, finissent par donner l’impression d’un discours construit mais qui noient en réalité l’auditeur dans une logorrhée destinée à dissimuler parfois une absence d’idées. Ces travers bien connus du monde politique ont été dénoncés avec ironie par le comédien Franck Lepage. Dans l’une de ses conférences gesticulées1, il va même jusqu’à utiliser une série de cartes sur lesquelles des « concepts opérationnels » sont inscrits et il construit un discours en enchaînant ces mots les uns à la suite des autres, selon l’ordre que les cartes battues auront désigné : stupéfiant ! Cette pratique n’est cependant pas l’apanage des seuls politiques et on peut se demander aujourd’hui si l’essor d’une science globalisée où la communication scientifique entre disciplines passe par le biais de concepts flous, ne risque pas, in fine, de conduire à des dérives similaires. Quels sont les enjeux pour l’interdisciplinarité et comment éviter que le discours scientifique ne se limite à une simple rhétorique bien huilée ? C’est à ce type de questions que la revue NSS se trouve confrontée dans son activité éditoriale et pour lesquelles il nous a semblé utile d’offrir quelques pistes de réflexion. Le discours scientifique dans le domaine de l’environnement n’échappe pas à la standardisation, mouvement qui tend à s’accélérer et conduit à la fois à un usage très intensif des concepts et à leur obsolescence rapide. La contagion des mots n’est pas un phénomène nouveau (rappelons-nous de l’essor des notions de développement durable, de biodiversité et de gouvernance dans les années 1990), elle se manifeste désormais au travers de concepts-valises qui sont appropriés d’autant plus facilement par ceux qui les utilisent qu’ils ont un caractère polysémique. Cette polysémie est tout autant source de richesse conceptuelle que de flou dans leur usage. Identifiés par ceux qui les utilisent dans un domaine spécifique, ils perdent de leur rigueur dans un discours

Science globale et interdisciplinarité : quand contagion des concepts rime avec confusion