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En depit de l'ideologie liberale affichee en Tunisie, les acteurs se positionnent de facon paradoxale par rapport a la concurrence. Dans la region de Tunis, tandis que les salaries jouent parfois cette concurrence au detriment de la traditionnelle solidarite de classe, les entrepreneurs, aux prises avec la concurrence, lui refusent toute legitimite et preferent se poser en victimes de ce phenomene. Cette representation victimaire est en grande partie provoquee par les diverses pratiques d'imitation, de debauchage et de copiage qu'ils subissent et que les particularites du systeme industriel de la region de Tunis rendent a la fois possibles et inevitables. La faiblesse des barrieres a l'entree et l'etroitesse du marche interieur exacerbent la concurrence. Le manque de maitrise des metiers oblige les entrepreneurs a s'entourer de collaborateurs et partenaires qui decoivent souvent leur confiance. L'imitation constitue finalement le dernier recours pour l'entrepreneur soucieux de se familiariser avec une technique qu'il ne connait pas sans tomber dans la dependance. Les innovateurs victimes de l'imitation reagissent quant a eux par la fuite en avant. L'imitation, produit du systeme industriel, contribue a son tour a faconner un espace industriel mouvant, heterogene, constitue de PME peu specialisees et dispersees.

Culture de la concurrence et développement de la petite et moyenne industrie privée : le cas tunisois est-il singulier ?